Iles Baléares

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Après presque une année de vie terrienne, Taoumé nous a embarqués pour de nouveaux horizons… route à l’ouest pour découvrir l’Océan, les marées, courants, alizés… et les Iles de l’Atlantique! Mais avant le détroit de Gibraltar, cap sur les Baléares, le temps de profiter de ces belles îles!

Ciotat
Départ de la Ciotat

 

Vendredi 25 septembre:

Bloqués depuis plusieurs jours à la Ciotat, par le Mistral qui a piqué une grosse colère, nous quittons le golfe au petit matin pour  Minorque…La veille,  un petit au revoir à la famille, petits et grands, et ce matin, avec un pincement au coeur, nous prenons la mer.  Le soleil ne s’est pas encore levé… plus tard comme pour nous souhaiter une bonne navigation, il nous offrira  un beau lever.

Minorque
Arrivée sur Minorque

 

 

 

 

 

Nous sommes vite dans le bain, le mistral a levé une mer forte avec une grosse houle.  Heureusement un vent frais de nord-ouest  nous aide à passer et nous pousse, nous pousse à vive allure vers Minorque! Une bien belle traversée… rapide et houleuse… 210 milles en 30 heures!

MINORQUE

MAHON -MAÒ

Samedi, en début d’aprés-midi, nous entrons dans le chenal de Mahon, magnifique port naturel et posons l’ancre dans la cala Taulera, entre la côte et l’île du Lazaret où bien des navigateurs, après de longs voyages, devaient attendre patiemment que leur quarantaine se termine… seul moyen, à l’époque d’éviter la propagation des maladies.

Cette petite anse, bien protégée est dominée par une tour et la forteresse de la Mola, véritable bastion à l’entrée du chenal, construit par les Espagnols sous le règne d’Isabelle II…  l’occasion de se faire une jolie balade.

Le lendemain, hop là, nous sautons dans la Taoumette et nous remontons cette longue cala jusqu’au port de Mahon… bon d’accord, c’est nettement moins glorieux que ces magnifiques voiliers qui louvoyaient  dans le chenal d’un côté ou de l’autre de l’île au Roi, où se dressait un hôpital. passés celle-ci, ils affalaient leurs voiles  juste au moment opportun en fonction du vent pour venir mourir sur leur erre juste contre le quai sous les yeux de l’Amirauté qui observait la manoeuvre et appréciait d’un coup d’oeil de maître les compétences des capitaines… gare à celui qui devait se faire aider pour accoster… son honneur en prenait un coup!

Mahon, vu sa position au coeur de la Méditerranée fut de tout temps convoité et au centre de nombreux conflits maures, anglais, français, espagnols. Nous prenons plaisir à nous balader dans ses rues et ruelles marquées d’Histoire… avec parfois un peu de regret, pour certains sites qui ont perdu leur âme, comme le marché du “claustre del Carme”. Il y a une vingtaine d’années au cours d’une escapade aux Baléares avec notre voilier Music et nos enfants, nous avions adoré ce magnifique marché installé dans un vieux cloître. Actuellement transformé en supermarché et boutiques touristiques, le lieu est devenu quelconque, dommage!

Juste pour la petite histoire, nous étions persuadés que la mayonnaise venait de notre belle ville de Dijon… en fait,le Duc de Richelieu, au cours d’une mission militaire sur Mahon, ne revint pas les mains vides. Un paysan lui avait cuisiné cette sauce pour le rassasier. A son retour, Il emmènera la recette de la “Mahonnaise”!

Avant de quitter Mahon, nous passons voir Jean-Jacques et son ami Daniel à bord de  “Grain de sel II” , voilier que nous avons croisé pendant la traversée et avec qui nous avions discuté à la VHF. Un bon moment passé avec eux, à bord, autour d’un apéro! Jean-Jacques, le “baroudeur émerveillé” de « J’irai dormir dans votre banette ” de Voiles et Voiliers (juillet 2011), amoureux de Minorque,  navigue souvent entre la Ciotat et les Baléares… l’occasion de nous donner le nom de quelques mouillages ou escales sympas. Petits plaisirs du voyage, ces rencontres inattendues!

Avant de quitter Minorque, nous faisons deux beaux mouillages  sur la côte sud.

PLAYA DI BINIGAUS

Entre un petit îlot Escolo Binicodell et Punta d’Atalix aux falaises rougeâtres creusées de grottes, la plage de Binigaus s’avance dans une eau cristalline couleur lagon.

Partant de derrière la plage, des sentiers surplombant la mer rejoignent d’autres criques et plages ou traversent toute l’île, comme le “Cami de Cavalls” ancien chemin du XIV siècle emprunté, à cette époque, par les chevaux pour surveiller la côte, actuellement devenu le GR223 pour le grand plaisir des randonneurs, VTT ou cavaliers.

Nous empruntons celui qui passe par le cap Atalix, surplombant la mer en nous offrant des couleurs de fonds superbes, sillonnant dans une belle pinède pour déboucher dans la cala ESCORXADA, une petite merveille, enchâssée entre des falaises rocheuses et bordée d’une jolie plage de sable.

 

  • Holà!
    Holà!
  • Playa de Binigaus
    Playa de Binigaus
  • Playa de Binigaus
    Playa de Binigaus
  • Playa de Binigaus
    Playa de Binigaus
  • Cala Escorxada
    Cala Escorxada

 

CALA SON SAURA

Hors saison, il y a très peu de bateaux mouillés et les plages sont désertes. Nous apprécions la chance que nous avons de naviguer en cette saison!

Cala Son Saura est une anse circulaire partagée par un éperon rocheux en 2 criques avec chacune sa plage, à l’est Playa de Banyul, à l’ouest Playa de Bellavista. Nous mouillons devant Playa de Bellavista que nous trouvons plus belle et qui est mieux protégée de la houle de nord-est. Un bien bel endroit!

 

Cala son saura -

 

Goéland d'Audouin

 

 

Sur la plage, nous découvrirons un goéland  différent de chez nous, plus petit avec un bec rouge terminé de noir et des pattes noires. Après une petite recherche, c’est le Goéland d’Audouin, endémique de l’île.

 

MAJORQUE

Mardi 29 septembre, nous quittons Minorque… Adiós… pour Majorque à une soixantaine de milles à l’ouest. Nous avançons bien sous grand-voile et gennaker poussés par une grosse houle. A mesure que nous nous approchons de Majorque, le vent forcit, le ciel s’assombrit, de gros cumulus s’accrochent sur les hauteurs rendant la côte nord de Majorque de plus en plus austère…beauté sauvage mais pas très accueillante,sans abri jusqu’à Puerto Soller. Accrochés à ses grandes falaises, quelques petits villages isolés sont nichés dans des creux.

Si comme s’est écrit dans les guides, la forte houle “las tascas” annonce un coup de vent d’est… les nuages de plus en plus menaçants accrochés aux sommets de Majorque sont bien là pour confirmer l’arrivée de la dépression et les orages… l’étape prévue à Puerto Soller est bienvenue.

En fin d’après-midi, nous arrivons à Puerto Soller est un joli port au fond d’une baie quasi-circulaire avec une entrée étroite au nord-ouest. La place à la marina est très chère (100€) surtout que nous voulons passer quelques jours dans le coin.

Nous mouillons en dehors des nombreux corps morts le long de la plage mais ce fond de roches n’accroche pas bien (ou trop si on coince son ancre!)… nous tenons… on verra demain!…  le lendemain, c’est tout vu… Vu l’orage qui tourne, le vent  qui se renforce et la houle qui entre, cela promet de joyeuses festivités! Juste le temps pour Michel de plonger sur un bon corps et s’y amarrer solidement et la fête commence: orages, pluies torrentielles, rafales et une houle qui nous secoue dans tous les sens avant de déferler sur la plage. En soirée bien sûr cela se renforce et avant la nuit, nous assurons sur un deuxième corps mort… Taoumé tient bien sur ses 2 coffres malgré les ruades que lui imposent la houle. Nous sommes heureux de voir le jour se lever, le soleil qui brille, le vent qui se calme même si la houle, plus calme, entre encore dans le mouillage.

Vu la journée magnifique qui s’annonce, nous abandonnons Taoumé à sa danse au rythme de la houle pour une petite escapade à Palma di Majorque! Nous prenons le tramway jusqu’à Soller et le train pour Palma…ils sont superbes, datant de 1912 avec leur jolis wagons en bois. Bringuebalant et grinçant, le tramway nous amène jusqu’à la belle ville de Soller, animée, avec sa place où trône l’imposante église San Bartomeu, ses ruelles et sa gare, qui en elle-même est une véritable attraction, tant par les trains que les gens viennent admirer que le lieu avec une salle d’exposition avec des oeuvres de Mirò et de Picasso.

Le voyage de Soller jusqu’à Palma traverse la vallée pleine d’ orangers  puis serpente à travers la Sierra Navada aux versants escarpés et traverse plusieurs tunnels creusés dans la montagne… SUPERBE!

 

PalmaUne petite journée à Palma di Majorque, la capitale des Baléares, c’est bref mais nous apprécions cette ville touristique et trépidante avec ses ruelles sillonnant les vieux quartiers et débouchant sur des places , ses belles demeures avec des patios, ses rues marchandes. Au détour d’une rue, en arrivant de la gare, surgit le Palais d’Almudaina et la cathédrale de Palma qui, dressée sur une falaise, domine la mer.

Du parvis de la cathédrale, nous avons une vue sur toute la baie de Palma, très belle, malgré son urbanisation excessive et ses nombreuses marinas qui accueillent la plus grande flotte de Méditerranée.

En route vers Cabrera, nous ferons halte une nuit à Puerto d’Andraitx. Arrivés dans la nuit, nous ne descendrons pas à terre mais c’est un bon abri et la houle ne pénètre pas. Des 2 côtés du chenal, des mouillages sur bouées ont été organisés et nous nous y installons pour la nuit… en cette saison, personne n’est venue nous faire payer… mais peut-être sommes-nous partis trop tôt?

 

CABRERA

L’île de Cabrera, « île aux chèvres” fait partie du Parc National, réserve marine qui nécessite une autorisation pour y passer la nuit. Avant de quitter Puerto Soller, nous retenons 2 nuits sur le site du “Parque Nacional de Cabrera” où ils suffit de remplir un formulaire et régler par internet. Le coût n’est vraiment pas excessif, nous paierons 19,76€ pour 2 nuits.

En cette saison, on peut rester le nombre de nuits que l’on veut. Par contre,en été, il n’est possible de n’y passer qu’une nuit.  Un seul mouillage sur ancre est autorisé sur l’île, dans la Cala Es Borri. Le nombre de bateaux est limité à 20 et les horaires autorisés sont de 10h00 à 19h00. Pour passer la nuit, la seule solution est de réserver un corps mort à Puerto di Cabrera.

L’autorisation préalable obligatoire pour mouiller est facile à obtenir sur le site du Parc, les corps-morts sont bien organisés, espacés et à tarif abordable… que demander de plus…comme quoi la gestion des parcs peut se faire dans de très bonnes conditions recueillant du coup l’adhésion des plaisanciers qui en acceptent volontiers les contraintes liées à sa protection… (par opposition, voir article:Redevance Mouillages).

En entrant dans Puerto di Cabrera, belle anse formant un port naturel, nous sommes agréablement surpris… les bouées sont espacées les unes des autres ce qui est bien agréable et qui, sur le plan de la gestion du parc, limite le nombre de bateaux et de personnes sur l’île chaque jour.

Cabrera est un petit paradis, hors du temps, protégée de la folie immobilière qui s’est abattue sur certaines baies des Baléares.

Même si certains sentiers ne peuvent être empruntés qu’avec un guide, il y a de très belles balades vers le fort, le mémorial aux prisonniers français (9000 prisonniers dont les 2/3 moururent sur l’île, conséquence d’une des nombreuses campagnes napoléoniennes), ou jusqu’au phare d’Anciola, joli phare aux damiers rouges et blancs avec une vue sur les belles criques de Cabrera et même sur le fort… histoire, à l’époque de communiquer par signaux, si pirates ou envahisseurs approchaient.

cabrera

Petite curiosité de l’île, le fameux lézard “el largato » endémique de l’île plus proche d’un petit varan que d’un lézard… pas de risque d’extinction, ça grouille de partout… et à mesure qu’on avance sur les sentiers, il en sort de toute part.

Vive nos beaux kayaks… pour un autre point de vue de l’île à ras de l’eau et une balade jusqu’à Cala Ganduf, où en restant prés des falaises, nous découvrons les “Cuevas d’Azul”, les grottes bleues.

 

FORMENTERA

Sur la route de Formentera, où nous attend Alain qui doit embarquer avec nous, nous ferons un seul mouillage sur Ibiza, au nord est, Cala San Vicente… et sûrement pas le plus beau (pourtant nous le savions, Joël nous l’avait signalé comme à éviter)… mais arrivés de nuit, après une navigation de 60 milles depuis Cabrera, nous avons hâte de poser l’ancre et de passer la nuit  à l’abri de la houle du sud-ouest. Au réveil…POUAH, POUAH…bétonnage, bétonnage…petite anse envahie de grands hôtels et immeubles posés juste derrière la plage ne laissant même pas une petite parcelle d’espace vide pour que l’oeil se repose…folie immobilière qui s’est emparée des espagnols, à une certaine époque, massacrant une partie de leurs côtes!

Le lendemain,en longeant la côte est d’Ibiza, nous oublions Cala San Vicente et apprécions sa beauté avec ses sommets verdoyants et boisés…nous nous promettons de revenir un jour pour découvrir et apprécier ses belles criques…

Arrivés sur Formentera, nous mouillons au sud de l’île Espalmador, sur la péninsule de sable la reliant à Formentera. La Punta des Trucadors est superbe, avec ses mouillages des 2 côtés selon le vent, ses grandes plages de sable blanc qui s’avancent dans une eau claire aux reflets bleu-turquoise et verts.

 

formentera

 

formentera
Drôle de rencontre au mouillage… « attaqués »par des pirates!
Nous passons 3 jours à Formentera, mais le temps orageux ne nous permettra de nous balader et de découvrir d’autres mouillages. Le port est bien sympathique en cette saison où il a retrouvé son calme.

 

 

 

 

 

 

 

Jeudi soir, Alain nous rejoint sur Taoumé, le temps d’un apéro, avec ses amis Eric et Françoise,qui viennent depuis 50 ans sur Formentera, qui en connaissent tous les recoins et l’ont vu se transformer même si cette belle île reste très protégée.

Le lendemain, nous quittons les Baléares, de bien belles îles et un bassin de navigation bien agréable…

Cap sur la côte espagnole et plus précisément le cap Gata à 200 milles… précisément, précisément… vous verrez dans le prochain article qu’en voile, rien n’est aussi simple!!!