Traversée Canaries – Cap Vert

Classé dans : Cap Vert, Carnet 2018, Navigations | 2

Dimanche 4 février. C’est le départ pour le Cap Vert, arrivée prévue sue l’île de Sal au port de Palmeira…à 762 milles.

Après 15 jours de préparatifs, nous sommes fin prêts.

Léa et Jean-Louis nous ont rejoint sur Tenerife pour faire la traversée avec nous. Hier, nous avons fait ensemble le plein de légumes et de fruits au très beau marché de Chafiras, les bananes de Manolo sont accrochées au portique, et nous n’avons qu’une envie, celle de prendre le départ même si nous savons que le vent devrait nous rattraper pour nous pousser très vite vers le Cap Vert.

Un dernier petit au revoir aux marineros, à Thomas, le voilier installé à San Miguel, à l’équipe du Maxi Cat’et bien sûr à Michel et Isabelle de Thésée qu’on laisse sur le quai tout en sachant que nous nous reverrons bientôt au Cap Vert.

Nous prenons la mer en fin de matinée et nous éloignons de Tenerife avec une superbe vue sur le Teide enneigé.

Au sortir du port, le vent souffle à plus de 25  noeuds avec une mer forte mais après avoir parcouru quelques milles, le vent s’établit à 15 noeuds avec une houle qui nous pousse… le top, très agréable. Mais, en fin de journée, le vent faiblit et nous sommes secoués par une houle croisée désagréable qui agite un peu les estomacs encore peu amarinés.

Du fait de la houle, nous tirons des bords à 120º ce qui permet au bateau d’être bien équilibré et au pilote de faire son travail sans trop consommer. Cette première journée un peu tranquille a permis à tous de prendre ses marques, trouver son rythme et pour Léa et Jean-Louis, apprivoiser Taoumé. En fin de journée, il ne nous reste plus qu’à profiter de ce merveilleux coucher de soleil!

Jour 2: Lundi 5 février

Finalement vers 4 heures, le vent a repris de la vigueur, 25 noeuds. Nous prenons 2 ris pour terminer une nuit plus paisible.

On a une belle houle de Nord-est et filons à 6-7 noeuds. Il sera bien temps dans la matinée quand tout le monde se sera rassasiés de remettre de la toile quand le vent faiblira si les prévisions sont bonnes. Ce qui se passe NE force 4-5 toute la journée et l’après-midi,la mer s’étant bien calmée, nous naviguons sous GV et gennaker.

Les panneaux solaires sont rarement au soleil, cachés par notre grand-voile et en plus, le soleil joue à cache-cache avec les nuages. Nous sommes obligés de mettre le moteur pour recharger les batteries surtout que vu la houle, le pilote au portant travaille pas mal.

Pour ce deuxième jour, nous avons fait une belle moyenne à 7,5 nœuds en parcourant 181 milles même si, en tirant des bords, nous nous rapprochons de Sal que de 155 milles.

Jour 3: Mardi 6 février

Branle-bas de combat à 4 heures: Jean-Louis est à la barre, Michel sommeille dans le carré quand un grain nous tombe dessus à une vitesse grand V. Nous étions tranquillement poussés par une petite brise toutes voiles dehors et nous nous faisons maintenant secouer par un vent de plus de 35 noeuds. Nous réduisons le plus vite possible, jamais trés agréable au portant avec du vent et de la mer. Pas trop de dégâts, juste un œillet déchiré au niveau de la grand-voile qu’il faudra réparer. Mais comme il se trouve en dessous du premier ris, cela ne devrait pas trop poser de problème en naviguant avec un ris.

C’est reparti en gardant 2 ris car des grains nous tournent autour toute la nuit… petit jeu de navigation pour leur échapper.

Au niveau météo, nous avions pris bien sûr des fichiers Grib avant de partir. Nous n’avons pas d’Iridium donc pas de possibilité de mise à jour mais nous avons à bord un Garmin InReach qui nous permet de prendre une météo marine tous les jours. Nous l’avons programmé avec des waypoints tous les 150 milles pour nos demandes météo… pas la valeur des fichiers Grib, ni des cartes météo pour anticiper ce qui se passe plus au nord mais suffisant sur cette traversée avec les alizés de nord-est bien établis.

De plus, vu que les sms sont gratuits, régulièrement, notre ami Philippe nous envoie une météo sur le Garmin avec quelques conseils de route… on a même un routeur à terre… on ne se refuse plus rien.

La météo du Garmin s’est avérée fiable jusqu’à présent et prévoit, confirmé par nos « routeurs » à terre, un renforcement entre jeudi et vendredi… à suivre.

Nous maintenons notre vitesse moyenne…Sal se rapproche!

Mercredi 7 février

Nous continuons notre route à 7 noeuds sous un beau ciel étoilé avec la grand-voile arisée (2 ris) et génois.

Depuis notre départ, une demie lune prend son temps pour se lever et daigne enfin se montrer en deuxième partie de nuit. Du coup, nous naviguons une grande partie de la nuit dans un noir profond mais qui nous dévoile un ciel qui brille de mille étoiles.

Vers 10 heures, apparaissent à l’Est des grains et une trombe d’eau se forme au loin. Notre route nous y emmène droit dessus. Nous décidons d’empanner et de nous en éloigner tout en profitant pleinement de la beauté de ces cieux orageux!

Le vent, comme tous les jours, passe du secteur NNE au NE et varie entre force 4 et 5. Nous marchons entre 7 et 8 noeuds. Par contre, la mer devient agitée et nous secoue de plus en plus. Petit jeu d’équilibriste pour se déplacer dans Taoumé.

En fin d’après-midi, petite pluie brève. Et cette nuit, le beau ciel étoilé a disparu mais par contre, plus rassurant, plus aucun grain à l’horizon.

Jeudi 8 février

Dans la nuit, la mer devient forte avec des vagues autour de 3 mètres et le vent se renforce, force 6. Vive le régime des alizés… ce serait une galère de remonter au près dans cette mer!

Nous avons 2 ris dans la GV mais dans la nuit, le vent forcit encore, 30 noeuds établis et Taoumé tape violemment dans cette forte mer rendant la navigation plus difficile à la barre. Nous enroulons le génois, c’est beaucoup plus confortable pour tous, barreurs et dormeurs ? et nous avançons à plus de 7 nœuds…pour cette nuit, ça ira bien…demain sera un autre jour!

Jean-Louis reste à la barre pendant plus de deux heures ce qui nous permet de récupérer un peu… bravo la résistance !

Toute la journée,  nous filons droit sur Sal par un Nord-est force 6 et une mer forte… nous naviguons sous GV 2  ris et jouons sur le génois en fonction de la mer et du vent.

Il ne nous reste plus que 86 milles à parcourir.

Vendredi 9 février

Vers 4 heures du matin, le vent et la mer se renforcent…et hop là NE force 8 et une mer très forte avec quelques vagues impressionnantes qui nous pourchassent ! Taoumé tape et souffre (un vrai tambour de machine à laver)… nous aussi d’ailleurs, nous fatiguons… nous affalons la GV et naviguons avec le génois seul enroulé au 2ème ris… super pour terminer une nuit plus tranquille surtout que nous barrons en permanence vu la difficulté pour le pilote de tenir la route avec cette mer.

En fin de matinée, Sal est en vue… bingo!

Nous posons l’ancre dans le  port de Palmeira à 14h30… et fêtons ça par un bon petit gueuleton et une bouteille de pétillant.

Nous avons parcouru 855 milles en tout avec une belle vitesse moyenne et de beaux surfs (un surf à 17,2 nœuds… ça décoiffe ?) qui nous ont permis d’atteindre Sal en 5 jours.

Petit point sur le Garmin InReach, en fonction de son coût et celui de l’abonnement, il a répondu à nos attentes. Son handicap, étant le fait de ne pas recevoir de fichiers gribs, cela a été suffisant comme moyen d’avoir la météo sur cette route des alizés nous permettant d’infléchir notre route plus Est ou Ouest pour une arrivée plus confortable sur Sal. Il est vrai que les sms ilimités ont permis à nos « routeurs » terriens de nous envoyer des infos complémentaires. Petit côté non indispensable mais très sympa, notre famille a pu nous suivre et vivre un peu avec nous cette traversée.

Petits problèmes pendant la traversée :

– au niveau de 2 œillets intermédiaires sur le guindant le tissu de voiles s’est déchiré… probablement un renfort était nécessaire.

– Panneaux solaires ne produisent pas assez d’énergie pour assurer pilote en particulier qui travaille toute la journée et surtout parce que le temps a été très nuageux, les journées courtes, et les panneaux cachés par la grand-voile. Du coup, nous avons été dans l’obligation de faire tourner les moteurs…screugneugneu

Nous gardons un superbe souvenir de cette traversée. Même si elle été inconfortable parfois, la bonne humeur qui régnait à bord et les bons petits plats préparés par les uns ou les autres ont contribué à garder une bonne ambiance et d’apprécier au mieux cette nav même pendant ces moments un peu rock and roll. Trop génial, avec cet équipage au top! Merci à Léa et Jean-Louis, une bien belle rencontre!

Maintenant, il ne nous reste plus qu’à quitter peu à peu notre peau d’européens pour partir à la découverte de ce petit bout d’Afrique perdu au milieu de l’Atlantique, le CAP VERT.

Si vous voulez revoir la Vidéo: Traversée Canaries-Cap Vert

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