De Formentera à Gibraltar

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En route vers Gibraltar!… et la route sera longue, Gibraltar fait sa “belle” et ne se laissera pas approcher si facilement!

Formentera-Gibraltar

 

Jeudi 8 octobre

A Formentera, Alain nous rejoint et embarque à bord de Taoumé pour faire un petit bout de route. nous quittons Formentera le vendredi 9 octobre à l’aube pour rejoindre Malagà que nous devons atteindre le 13 octobre pour qu’Alain puisse prendre son avion… 300 milles … tout devrait bien se passer si la météo nous est favorable… ce qui au départ semble le cas: vent d’est prévu pendant plusieurs jours!

Génial, sur la carte et les fichiers Grib… MAIS… Madame Météo nous a joué un petit tour: le “levante » annoncé de 20-25 noeuds qui devait nous pousser sur les 200 milles jusqu’à CAPO GATA, va s’essouffler très vite, se mettre au repos nous faisant péniblement avancer à 3 noeuds…pour laisser la place à un vent frais de sud-ouest, en plein dans le pif … “2 fois la distance, 3 fois le temps”…nous faisant renoncer à rallier Capo Gatà.

Aguilas

 

 

 

 

 

Nous faisons une pause à AGUILAS, station balnéaire,  avec son port gardé par une forteresse.

 

 

 

 

 

Les jours suivants, nous naviguerons au prés, en tirant des bords, dans une mer hachée, une belle houle et un bon vent de sud-ouest. Chaque jour, nous prenons un peu plus de retard et Malagà semble s’éloigner de jour en jour… tandis que le vol d’Alain lui reste fixé au 13!

Playa de Muertos

 

 

 

 

Tirer des bords le long de cette côte urbanisée  n’est pas un plaisir pour les yeux, ni pour la navigation et les mouillages. Nous apprécierons l’entrée dans le Parc National, à l’approche du CAPO GATA et  le joli mouillage au CAPO DE MUERTOS… malgré le nom, peu engageant!

 

 

 

Bien abrités, le long de cette belle plage sauvage que prolonge la cap avec ses falaises brunes  qui plongent dans le bleu de la mer… seul petit bémol, éviter de porter son regard vers le fond du golfe où juste avant la réserve naturelle, une cimenterie est implantée!

Playa de Muertos

 

Cette partie de côte est très belle et nous regretterons, faute de temps, de ne pas pouvoir nous arrêter autour de  Puerto de San Jose, joli petit village blanc avec une belle baie et une grande plage. Au cap, une anse sauvage très bien protégée du vent d’ouest est tentante… une prochaine fois…Hasta Luego!

Capo Gata

 

Lundi 12 octobre, il ne nous reste qu’une journée pour rejoindre Malagà… et 130 milles. Partis à l’aube, nous pensions naviguer toute la nuit et arriver le lendemain matin… juste le temps, pour Alain de prendre son avion… mais l’optimisme a des limites, nous n’atteindrons pas Malagà à temps… les aléas de la navigation et de la vie en mer!!!

Almeria

Après avoir tiré des bords toute la journée avec un vent qui forcit et une mer pas très conciliante, “vaincus”, nous prenons la décision de nous arrêter à ALMERIA… préférant passer la soirée dans un bar à tapas plutôt qu’en mer à batailler contre le vent et la mer.

 

L’entrée dans la marina d’ALMERIA n’est pas évidente; elle ne se voit pas en approchant. Ce n’est qu’en dépassant le port marchand et en s’avançant vers la grande passerelle métallique qu’on la situe. Le vent de sud-ouest nous pousse à plus de 4 noeuds dans cette entrée étroite… hop là… nous rentrons  moteurs en marche arrière pour ralentir  et Michel entre Taoumé au chausse-pieds entre 2 bateaux!

Si nous n’avons pas été très performants au niveau navigation depuis Formentera, par contre, pour dénicher un bon bar au tapas, nous avons la palme d’or… ambiance très sympathique à la « Casa de Tio Tom”, lieu de rencontre des espagnols autour d’une “cerveza” et de tapas!

Almeria

 

Le lendemain, malgré tous nos efforts pour faire rater son avion à Alain pour qu’il reste à bord, il prendra un bus qui, lui, n’a pas besoin de tirer des bords jusqu’à Malagà.

De notre côté, nous poursuivons notre route et  quittons Alméria coiffée par sa forteresse, avec en arrière-plan, la Sierra Léone, une escale bien agréable avec une belle marina à un prix tout doux (27,47€ la nuit pour Taoumé).

 

Décidément, Eole  qui souffle depuis de nombreuses années pour accompagner nos navigations en Méditerranée ne veut pas nous laisser quitter la Grande Bleue!

Nous naviguerons encore deux jours avant que le vent se décide à nous être favorable, à se faire secouer dans une mer hachée, en tirant des bords face à un vent de sud-ouest entre 20 et 30 noeuds.

Nous renonçons à nous arrêter à Malagà ayant pris de plus en plus de retard et faisons des escales pour le moins surprenantes sur cette côte: mouillages avec, le long de plages immenses,  des immeubles, des immeubles et encore des immeubles, et en mer, des pêcheries ou des chalutiers au travers desquels il faut slalomer…

Adra

 

ou le port d’ADRA: marina vide avec des pannes squattées par les gabians, furax d’être dérangés en plein nuit et qui nous le font bien entendre! Ils se sont vengés, il y a une telle couche de guano sur la panne que  Michel risque de glisser et se retrouve avec les chaussures remplies de leurs excréments… beurk, beurk, beurk! En tout cas, très bon abri et comme les gabians nous avons squatté la place pour la nuit!

 

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… ou un mouillage à Fungirola sous l’oeil attentif du taureau!

 

 

 

 

 

Avant-dernier jour avant Gibraltar: Navigation de rêve au bon plein, sous gennaker  et grand-voile, poussés par une petite brise avec un beau soleil qui nous réchauffe. Réconciliés avec la navigation à la voile et le plaisir d’être en mer, nous apprécions cette belle journée, à flâner ou bouquiner sur le trampoline, bercés par le clapotis de l’eau le long des coques… joli bruit de Taoumé qui glisse sur l’eau!

Comble du bonheur, les dauphins que nous croisons sur cette côte sont de plus en plus fréquents et nombreux… Gibraltar s’approche! Aujourd’hui, c’est un festival, des groupes de dauphins viennent jouer dans les étraves, faire la course avec Taoumé… de temps en temps, un dauphin se met sur le dos comme pour nous jeter un regard alors que nous sommes debout sur les pointes… un petit clin d’oeil très émouvant!

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Dernière escale sur la côte espagnole: ESTEPONA, station balnéaire avec une marina “tout confort” (prix encore abordable, pour une nuit: 45,28€… avec une bouteille de vin rouge!) , une plage immense et une petite ville bien sympathique. Au fond du port, une belle flottille de chalutiers est amarrée avec entrepôts et marchés aux poissons sur les quais.

 

 

 

 

Et pour faire sourire nos amis navigateurs de l’Atlantique… petite anecdote de “bons méditerranéens”: en rentrant dans la marina, nous nous amarrons au quai d’accueil en long-side, pensant rester là juste pour une nuit, bien calés avec nos deux amarres et une garde. Mais on nous attribue une place…avec un peu de regret, nous manœuvrons, nous déplaçons et installons la passerelle (un bien grand mot pour une planche!) sans la fixer, vu la mer d’huile!

Et nous voilà partis pour une balade dans la ville et jusqu’à la grande plage, et de rues en rues, nous traînons et terminons dans un petit resto (“Taberna  del puerto” ambiance bien sympathique où on choisit, de visu, les plats délicieux exposés à l’intérieur). Tard dans la soirée, nous regagnons Taoumé et…surprise, la passerelle n’est plus là… quelques instants de réflexion et nous réalisons que ce n’est sûrement pas des remous qui lui ont fait reprendre sa liberté mais, vu la hauteur des jupes de Taoumé et du quai, c’est  la MAREE (pourtant notre ami Eric, un brin moqueur, nous avait prévenu!)…  avec le recul, nous imaginons si nous étions restés en long-side, les 80 centimètres de marée auraient bien suffi pour que Taoumé se retrouve bien et bel pendu par les amarres!!! Tout est bien qui finit bien, la leçon est retenue, quant à la passerelle, son escapade n’aura durée qu’une nuit, Michel la repêchera au fond du port le lendemain sous l’oeil goguenard des pêcheurs!

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Dernière étape avant Gibraltar, nous quitterons, sans regret, cette côte espagnole, Costa del Sol, où la folie immobilière ne semble n’avoir connu aucune limite et qui recèle pourtant des trésors entre ses villes au lourd passé historique,mêlant culture musulmane, chrétienne et juive, ses plages immenses, ses montagnes “sierra” qui s’élèvent en arrière-plan, son climat doux et ses habitants. Des immeubles gigantesques ont poussé comme des champignons derrière les plages, ne laissant aucun espace vide… si ce n’est que par moments, ils sont remplacés par des « mers de serres”. Autant nous avions apprécié la gestion de leurs parcs nationaux, comme Cabrera, autant l’urbanisation à l’excès de cette côte est bien triste…

 

Samedi 17 octobre: cette fois,  promis, juré c’est la dernière étape avant Gibraltar qui se fait désirer pour être mieux apprécié!

Nous approchons du rocher sous un brouillard, à couper au couteau et sous la pluie… ouf, notre navigation était bonne, nous sommes bien en “Angleterre!’.

En approchant de Gibraltar, le brouillard se dissipe, laissant surgir le rocher qui se dresse fièrement dans le ciel. Nous passons, sous le phare de l’Europe et la mosquée…. accompagnés de dauphins en chasse et de dizaines de goélands leur tournant autour. Moment émouvant ce passage d’un des piliers d’Hercule, limite du monde connu des Anciens (pour nous aussi d’ailleurs ?) , de la Méditerranée et de l’Europe que nous n’allons pas quitter tout de suite.

Gibraltar

 

 

En entrant dans la rade de Gibraltar… nous ne sommes pas seuls!!!

Nous mouillons dans la baie d’Algesiras, devant la plage de la LINEA de la CONCEPCION, au nord de la marina d’Alcaidesa, avec le rocher de GIBRALTAR qui nous surveille, émergeant des nuages qui s’enroulent tout autour de lui, comme s’il fumait!

 

 

 

 

 

 

Enfermés 3 jours dans le bateau, sous des averses incessantes, nous “bullons » et testons notre système de récupération d’eau qui fonctionne à merveille, nous permet de faire la lessive du bord que nous avions un peu délaissée et de remplir à ras bord nos cuves d’eau. Michel a installé 2 sorties sur le bimini qu’il raccorde à des tuyaux et une autre en avant du roof… laissant passer une averse pour éliminer le sel, le remplissage est efficace!

LINEA DE LA CONCEPCION

Linda de la Concepcion

 

 

Cette grande ville espagnole, au pied du rocher, a un centre-ville aux rues piétonnes et places très vivantes. En plein Andalousie, les corridas (avec même un musée du taureau) et le flamenco sont bien présents.

 

 

 

 

 

Linea de la Concepcion
En hommage aux travailleurs espagnols à Gibraltar

 

 

 

 

 

 

Ses habitants vivent à cheval sur leur ville et sur Gibraltar. Tous les matins et tous les soirs, c’est une foule qui va et vient au poste frontière, travaillant sur Gibraltar en journée.

 

 

 

 

 

 

 

La marina Alcadeisa, au pied du rocher, se trouve à Linea de la Concepcion. En effet, Gibraltar est un grand port de commerce où vont et viennent des cargos, pétroliers etc… mais,vu ce petit territoire, les marinas sont petites, avec peu de places.

Par contre, la grande marina Alcadeisa est loin d’être complète. A la période, où nous y étions, il y avait énormément de places et vu l’espace autour à aménager, il y a sûrement un potentiel énorme qui se développera les prochaines années. Nous sommes restés au mouillage, mais, à titre d’infos, le prix pour notre catamaran était de 45€00 par jour.

L’inconvénient au mouillage, c’est qu’il est plus difficile d’avoir des contacts avec les navigateurs en partance ou arrivant… mais il est vrai, que les 3 jours de pluie n’ont pas été propices à se balader sur les quais et qu’ensuite, nous avons profité du beau temps pour visiter la Linea et Gibratlar.

 

 

GIBRALTAR

Nous passerons 3 jours, à, nous aussi, passer la frontière le matin et en revenir tard le soir pour sillonner ce petit bout de terre anglaise au nom d’origine arabe, « djerba Tarik” , donné par le conquérant musulman ayant débarqué et envahi l’Espagne par ce fameux rocher.

Et, malgré que ce territoire soit tout petit,  traversant la piste de l’aéroport, nous trotterons, nous trotterons… jusqu’à la Pointe d’Europe avec son phare et sa mosquée tournée vers le Maroc et Ceutà, dans les rues commerçantes qui grouillent de monde, jusqu’au cimetière de Trafalgar (douloureux souvenir pour les français!), au beau parc Alameda. Nous apprécierons le téléphérique pour monter jusqu’au rocher où règnent en maîtres, les singes (macaques) et la balade  magnifique tout autour du rocher avec des vues panoramiques sur la baie d’Algesiras, l’Afrique, le détroit de Gibraltar, la côte espagnole mais aussi la belle grotte St Michael avec ses stalactites et stalagmites, véritables orgues naturelles et les tunnels du Grand Siège, galeries creusées dans la roche.

Une bien belle escale, mythique,  entre l’Afrique et l’Europe… aux portes de la Méditerranée, avec le détroit ouvrant sur l’Océan!

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