Confinés à l’Île Tintamare

Classé dans : Escales, Petites Antilles, Saint Martin | 0

Ce nouvel article devait vous faire partager notre balade à Barbuda, cette belle île qui porte encore lourdement les séquelles des cyclones de 2017. Cela viendra plus tard… car les évènements en ont décidé autrement. Entre temps le coronavirus a envahi le monde…cette toute petite chose invisible a bouleversé le monde et entraîné une pandémie qui a nécessité le confinement de millions de personnes dans le monde.

En route vers les BVI, nous faisons une dernière halte à l’île Tintamare au nord est de Saint Martin. Mais lundi 16 mars, notre route s’arrête sur cette petite île sauvage…confinement obligatoire… pour nous dans un cadre paradisiaque. De plus, vivre dans un espace restreint (même si Taoumé est spacieux), nous connaissons,  et nous avons l’habitude de rester parfois plusieurs jours à bord sans descendre à terre. Même si cette fois se surajoute l’inquiétude pour ce qui se passe dans le monde entier, les malades, les morts, le personnel soignant à bout de forces morales et physiques, toutes les personnes qui doivent aller travailler la peur au ventre… et bien sûr, comme chacun, pour notre famille, parents, enfants, petits-enfants qui sont bien loin et cet éloignement nous fait apprécier encore plus que d’habitude les contacts par téléphone et par internet… un lien essentiel pendant cette période de confinement…où chacun excelle en idées pour la vivre au mieux, donner des nouvelles et faire partager son quotidien!

Nous sommes privilégiés, notre lieu de confinement est un vrai petit paradis que nous avions envie de partager avec vous pour que vous puissiez vous évader sur cette petite île déserte et faire le plein de belles images.Embarquez avec nous…le temps de ce récit!

L’île Tintamare fait partie de la Réserve naturelle de Saint Martin. Le seul mouillage autorisé se situe au sud-ouest sur bouées. « Tintamare », son joli nom, vient de l’espagnol « Tinta Mare », couleur de la mer… une couleur bleu turquoise sur laquelle flotte Taoumé accroché à sa bouée face à une longue plage de sable blanc. 

Une dizaine de bateaux avec leurs équipages baroudeurs des océans, ont choisi ce bel endroit pendant cette période de confinement. A bord de deux bateaux qui naviguent ensemble, 3 ou 4 bambins vivent leur confinement comme beaucoup d’enfants aimeraient le vivre. Nageant, sautant, plongeant, jouant au ballon sur la plage déserte, nous entendons leurs rires résonner dans la crique! Que du plaisir de les voir jouer en toute insouciance!

Seul petit inconvénient de ce mouillage, selon la météo, il n’est pas très bien abrité par houle du nord. Du coup, nous avons fait une escapade à Grand Case au nord de Saint Martin car du vent de nord-est et une forte houle de nord ont eu raison d’une de nos amarres et de notre fatigue après avoir été secoués pendant 2 jours. Nous n’osons pas penser si cette épidémie était survenue en période cyclonique rajoutant ce stress! Heureusement, pas vraiment de mauvais temps en cette saison, tout au plus, Taoumé tire sur son ancre ou ses amarres sur bouée et nous ne faisons un peu chahuter au mouillage… rien de bien méchant, juste du confort! Le mouillage à Grand Case, moins agité, nous permet de nous reposer pendant 2 jours et de nous approvisionner  même si les épiceries n’ont pas énormément de produits frais, ce n’est pas grave, à deux, on se débrouille!

Dés que la mer s’est calmée, nous repartons avec plaisir vers l’île Tintamare. L’entraide comme partout en cette période fonctionne entre bateaux. Au mouillage avec nous, il y a Lionel sur Jersey… un Saint Cyrien retrouvé de l’autre côté de l’océan! Le monde est petit. Quelle belle surprise un matin de voir s’approcher le « Boat Boy »  Lionel avec un sac empli  de fruits et légumes: ananas, fruits de la passion, tomates, patates douces et concombre. Partit tôt, il a traversé avec son annexe, le chenal un peu houleux entre île Tintamare et le nord de Saint Martin pour aller faire des courses. La prochaine fois, ce sera notre tour, cela permet d’aller à terre moins souvent! Même si nous restons chacun « chez soi », nous nous échangeons aussi petits plats ou gâteaux… de petits plaisirs bien appréciés!

A bord de Taoumé, quand la nuit tombe, de gros « ploufs » et « splash » à l’arrière nous intriguent. Un coup de phare nous montre la richesse du plancton qui grouille littéralement et d’une dizaine de tarpons qui s’en font un festin sous nos yeux. Le lendemain, munis de nos masques et de nos palmes, nous nous baladons en espérant croiser  ces gros poissons voraces et la chance nous sourit… attendant la nuit, ils sont toujours à peu prés au même endroit pendant la journée, avec un comportement placide qui contraste avec celui de la nuit.Nous rencontrons aussi des raies léopards et un petit requin caraïbe. Nous faisons aussi une jolie plongée sur les récifs coralliens à partir de la bouée marquant une épave de remorqueur dans le prolongement de la pointe nord.

En arrière de la plage, nous partons à la découverte de l’île  en nous frayant un chemin à travers les herbes ou  les taillis qui à certains endroits sont quasiment impénétrables sauf pour les chèvres.

A Grand Case, nous ne pouvons quitter le bateau, comme en France, que pour aller faire ses courses avec le précieux sésame recopié à la main car bien sûr, nous n’avons pas d’imprimante.  Par contre, ici, sur cette petite île déserte, vu que nous ne rencontrons personne ou de très très loin, nous en profitons pour sillonner l’île de long en large, en débarquant à la nage, sur la grande plage de sable blanc.

Derrière la plage, à l’ombre, des tables et barbecues ont été installés qui sont bien délaissés en ce moment…sauf par les lézards! D’habitude, ils viennent s’offrir un festin dés le départ des touristes mais s’ils veulent survivre, ils vont devoir se remettre à chasser ! Ce sont de très jolis lézards (ameives ou zandoli en  créole) , assez imposants, avec des taches bleu-vert sur le corps. Nous avons aperçu aussi un iguane commun, vif comme l’éclair… mais preuve qu’ils sont présents sur l’île.

Sur la côte sud, nous marchons le long d’une magnifique plage avec un lagon protégé par la barrière de corail qui se prolonge, plus à l’est, par une plage de coquillages et coraux où les alizés ont ramené de nombreuses planchettes de bois, sûrement les restes des toits et bardeaux détruits par Irma et emportés par l’océan. Un bateau est venu aussi s’échouer et finir sa vie sur cette plage.

En continuant, le paysage se transforme en hautes falaises… domaine des oiseaux, les superbes paille en queue et les noddi bruns. Mais nous ne nous aventurons pas plus loin, les falaises sont interdites car le noddi brun, oiseau protégé, détruit son nid si il est dérangé… et en plus, nous sommes en pleine période de nidification.

Nous repartons donc vers le centre de l’île où nous découvrons des vestiges, parfois incongrus, de l’histoire de l’île.

Tout d’abord, une vieille ferme (qui a été restaurée à une période), devenue le royaume des chèvres, avec bâtiment, puits,  murs de clôture et structures mécaniques éparpillées autour du bâtiment. Au début du XXe, le propriétaire Diederik Christian, qui aurait été surnommé « le Roi de Tintamare », aurait exploité cette ferme, élevage de bétail et moutons, fabrication de fromages et surtout culture de coton. 

Poursuivant notre balade, en direction de la plage, à l’endroit le plus plat de l’île, nous faisons une découverte étonnante… des traces d’une piste d’atterrissage et des restes de moteurs d’avion! Rémy de Haenen, pilote et aventurier, a créé ce terrain d’aviation et une petite compagnie d’aviation qui a  fonctionné  jusqu’à ce qu’elle soit détruite par un ouragan vers 1950… à partir de là, la nature a repris ses droits laissant aux chèvres cette petite plaine de broussailles et d’arbustes.

Ce sera notre dernière balade sur l’île… le temps d’écrire et de poster cet article, le samedi 28 Mars, le mouillage a été interdit. Les gendarmes nous demandent de rejoindre Grand Case ou Marigot, suite à un arrêté préfectoral, établi à la demande des responsables du Parc National. Il est vrai, que normalement, le mouillage est interdit dans le parc la nuit… mais jusqu’à présent, vu les circonstances, au cours de leurs visites, ils avaient laissé les bateaux au mouillage. Nous rejoignons Grand Case, qui est également un très joli endroit où, en plus, nous pouvons plus facilement faire les courses et nous attendons comme, tout un chacun, patiemment le déconfinement mais dans des conditions nettement meilleures que beaucoup de personnes.

 

Cliquez sur l’image ou sur le lien pour voir les paysages de Ile Tintamare


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